Comment restaurer l'efficacité d'un attaquant...
Redonner confiance à un attaquant qui traverse une période de disette au niveau des buts nécessite une...
Lire la suiteDans le sport de haut niveau, les rituels mentaux ont acquis un statut presque sacré. On les associe à la concentration, à la stabilité émotionnelle, à la mise en condition optimale. Ils sont perçus comme des repères dans un environnement chargé d’incertitudes. Pourtant, ce que j’observe très souvent dans ma pratique, c’est que ces mêmes rituels, s’ils ne sont pas questionnés, peuvent devenir l’un des premiers freins à la progression de l’athlète.
La mécanique est insidieuse. Au départ, le rituel sert de point d’ancrage, il rassure et structure, donnant l’impression de mieux maîtriser ce qui échappe au contrôle. Mais rapidement, il prend trop de place. Il cesse d’être un outil pour devenir une condition. L’athlète ne voit plus la compétition sans lui et se sent incapable de performer si la routine est perturbée. Le mental s’accroche au rituel comme à une superstition, et c’est là que le piège se referme : ce qui devait renforcer l’autonomie finit par engendrer une dépendance.
Ce phénomène est d’autant plus problématique qu’il est souvent inconscient. L’athlète croit que son rituel le sécurise, qu’il l’aide, mais il ne voit pas que ce rituel devient un moyen de fuir l’incertitude et d’apaiser l’anxiété sans la traiter. C’est une stratégie superficielle, un contrôle qui finit par rigidifier les états internes. Or, dans le haut niveau, cette rigidité mentale bloque la progression. La performance durable ne dépend pas d’une répétition exacte d’un script mental, mais de la capacité à s’adapter, à rester présent malgré l’imprévu, et à mobiliser ses ressources quand le contexte échappe aux codes habituels.
Je vois souvent des sportifs de haut niveau dont la progression ralentit, non par manque de travail, mais parce que leur fonctionnement psychologique est figé autour de routines devenues mécaniques. Ils ne parviennent plus à se connecter à leur état de présence sans suivre une séquence précise. Ils confondent maîtrise de soi et contrôle absolu, or ce dernier n’est qu’une illusion… et un poids.
Mon travail consiste à déconstruire cette logique, non pas en supprimant les rituels, mais en les rendant vivants, conscients et choisis. L’objectif est de redonner à l’athlète sa liberté intérieure et de lui permettre de retrouver une plasticité mentale, cette capacité à s’adapter au réel plutôt que de vouloir constamment le contrôler. La véritable sécurité ne réside pas dans le fait que tout se passe comme prévu, mais dans la confiance en soi pour affronter l’imprévu.
C’est dans cette bascule, selon moi, que réside l’excellence mentale. Performer sans que tout soit parfaitement en place, c’est là que commence le haut niveau. Et c’est là que beaucoup se bloquent, croyant se protéger avec des rituels qui les enferment plus qu’ils ne les libèrent.
Rédigé par l'équipe T²PM